Savez-vous que la douleur présente deux composantes ? Où qu’elle se situe dans le corps, elle est gérée par le cerveau. Celui-ci la traite sur un plan physiologique (la sensation pure) et sur un plan psychologique (la perception subjective).
Réduction de la douleur perçue
L’anticipation de la douleur
L’insula est une des zones du cerveau qui traite la composante psychologique de la douleur. Or, cette zone s’active différemment chez le méditant expérimenté et chez le non-méditant. Résultat ? Le non-méditant expérimente une douleur avant qu’elle ait lieu, et celle-ci s’estompe plus lentement une fois qu’elle a disparu. En revanche, chez le méditant, elle n’est ressentie qu’au moment où elle a lieu, et disparaît en même temps que ce qui l’a provoqué.
L’étude de Fadel Zeidan
Cette étude porte sur des volontaires n’ayant jamais médité auparavant. Pour identifier les effets propres à la méditation de pleine conscience, 4 groupes sont constitués :
- ceux qui vont apprendre la méditation de pleine conscience
- ceux qui vont pratiquer une autre forme de méditation,
- ceux qui reçoivent une crème analgésique
- et le groupe contrôle.
Ils reçoivent une douleur grâce à un dispositif émettant une chaleur de 48° sur une petite zone sur la jambe.
On contrôlait chez les participants le fonctionnement de leur cerveau par IRM et leur évaluation de la douleur, autant au niveau physiologique qu’émotionnel.
L’IRM permit de remarquer que la crème analgésique agissait sur une zone différente du cerveau que la méditation de pleine conscience, traitant ainsi la douleur de façon très différente. Également, le thalamus était désactivé pendant la méditation de pleine conscience. Or cette zone du cerveau agit un peu comme un filtre qui laisse passer les informations sensorielles ou non. Enfin, les participants ayant pratiqué la méditation de pleine conscience rapportèrent un plus grand soulagement face à la douleur que ceux ayant été dans les autres conditions.
Peut-être vous demandez-vous : « concrètement, ça peut me servir ? » Alors, regardez les premières minutes de l’émission Enquête de santé consacrée à la méditation de pleine conscience. Une femme brûlée au 3è degré y témoigne de l’apport de la méditation dans cette expérience. Le fonctionnement de la méditation sur la douleur est aussi développé plus loin dans le documentaire.
https://www.youtube.com/watch?v=JD2dv1TbhD8&t=14s
Réduire la douleur physiologique aussi ?
On peut supposer que la pratique régulière de la méditation de pleine conscience peut réduire certaines douleurs physiologiques. Lesquelles ?
Les douleurs inflammatoires
Une méta-analyse* montre une modification de l’expression des gènes liés à l’inflammation chez les méditants, ce qui permet de penser que la méditation peut réduire les douleurs liées aux processus inflammatoires (maladies en -ite).
Les douleurs liées au stress
Connaissez-vous les fascias ? Ces tissus sont entre la peau et les muscles. On ne connaît pas encore tout à fait bien leurs rôles. Néanmoins, soumis au stress, ils se déshydratent et dysfonctionnent, ce qui causerait les fameuses douleurs du dos sans cause particulière.
La méditation de pleine conscience, en diminuant le stress, pourrait ainsi contribuer à diminuer ce type de douleur.
* une méta-analyse consiste à répertorier les études faites sur un sujet particulier, à choisir parmi celles-ci les plus rigoureuses, et à comparer les résultats.
Sources :
L’étude de Fadel Zeidan : http://www.newswise.com/articles/mindfulness-meditation-trumps-placebo-in-pain-reduction
Magasine Cerveau & Psycho, décembre 2017
Documentaire Arte : Les fascias, les alliés cachés de notre organisme
Frontiers in Immunology, 16 June 2017 : What Is the Molecular Signature of Mind–Body Interventions? A Systematic Review of Gene Expression Changes Induced by Meditation and Related Practices ; Ivana Buric 1,2 *, Miguel Farias 1 , Jonathan Jong 1 , Christopher Mee 3 and Inti A. Brazil